Il est parfois bien difficile de parler de soi. Et si le clavier et l'écran interposés peuvent en aider certains, tous ne sont pas si à l'aise que cela devant un billet à faire.

Comment ne pas être impudique ? Comment en dire assez pour intéresser sans trop se dévoiler ? Et d'ailleurs, est-on si intéressant que cela ? Il y a un peu de narcissisme à jeter sur le net ses humeurs et les menus évènements quotidiens de sa vie, et c'est gênant.

Pourtant... Nous connaissons tous des blogs où l'on retourne, que l'on aime suivre. Parce que cette personne qui écrit son blog partage avec nous certains loisirs ou certaines préoccupations et que cela fait du bien d'échanger autour de ce qu'on aime. Ou au contraire parce que l'univers du blogueur est à 100 mille lieux du notre et que la diversité humaine nous nourrit. Ou encore parce qu'il a un style, de l'humour, une belle écriture.

Pour aider les petits blogueurs du collège à parler d'eux, je leur ai proposés un petit jeu d'écriture, auquel ils se sont prêtés avec grâce. L'idée ? Mettre ses pas dans ceux d'un illustre prédécesseur. J'ai nommé Paul Verlaine. Nous sommes partis (moi aussi, puisque c'est le jeu) à la recherche de notre heure exquise...

Je vous livre le texte de Verlaine, puis ma propre heure exquise. Vous pourrez consulter celles de Valentin, Hamza, Norbert, et peut-être Chaïma si elle se décide, très prochainement sur leurs propres blogs.

L'heure exquise

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part un voix
Sous la ramée...

O, Bien-aimée.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...

Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...

C'est l'heure exquise.

(Paul Verlaine)

L'heure exquise

La lumière coule
Des rideaux crèmes ;
Chaque particule
somnole encore
et murmure...

O, jour de congé.

Du café fort
En flaque noire,
La fumée s'élance
Et j'y lis
mon futur instantané

Sirotons, c'est l'heure.

Un confus et fragile
Bonheur
Semble monter
de mon lit
où flirte le soleil...

C'est l'heure exquise

(Christelle Favry)